Le courant d'air
On a souvent eu tort De te mettre au repos, A quoi bon les remords On ne change pas de peau, Aujourd'huI, t'es ici Et demain t'es ailleurs, Un jour t'es à Paris Et l'autre près de Honfleur.
Je reste à la maison Avec ma solitude A compter les moutons Chargé de lassitude, A espérer toujours Pour te stabiliser, J'ai bâti mon amour Sur un courant d'air frais
Tu n'es qu'un courant d'air Dans ma propre maison Un courant d'air Tu n'es qu'un courant d'air dans ma maison.
On a toujours voulu Te donner une famille, Ton cœur a résolu
De se faire la quille, Tu rêves, c'est certain, Ta vie, un corridor, Nous sommes les pantins, Nous formons le décor.
Tu n'as plus de parents, L'enfant va à l'école, Le monde est différent Des histoires sans paroles Et si je ris parfois, Cest plus par habitude, Tu manques quelquefois Pour faire un interlude
Une porte qui claque, Cest toi qui disparaît Avec ton ami Jacques Qui est venu exprès Ou côté de Passy On voit la Tour Eiffel, Les nouvelles au pays Sont les mêmes nouvelles.
Je reste à la fenétre Avec mon inquiétude Regarder disparaître Ma vieille incertitude, Ne rentre pas trop tard Secouer les persiennes A minuit moins le quart, Demain, l'année prochaine.
(Serge Murin/Michel Thiallier)
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