Les routes
Je n'ai pas souvent mélangé L'eau et le vin, j'ai voyagé, La route Est une maîtresse au long cours ; Jai des amis sous l'oreiller Que je libère à la veillée Sur la route, Lorsque tu m'appelles au secours ; Les arbres font autour de moi Une écuelle de leurs doigts, A tant jouer de la guitare, On prend des siècles de retard, de retard
Jai vu les hommes des cavernes Assis au fond d'une taverne Sur la route, Lorsque le matin va descendre, Et des esprits malins bercaient Celui qui n'a pas de passé, La route N'est pas une femelle à vendre,
Jai vu un peuple aux oubliettes Meublées de morts et de squelettes Qui regardaient au bout du quai Partir le train pour la mosquée, la mosquée.
Je n'ai pas souvent voyagé Mes rêves je les ai forgés Sur la route A coup de fer dans le bitume ; Et si du sommet de la tour, La mignonne attend mon retour, La route Est un messager dans la brume ; J entends de vains échos mourir Sous l'avalanche de ton rire Et des sanglots pour méditer Ce qui nous reste à exister, à exister.
Je ne saurai plus revenir Par les chemins de l'avenir, La route Est une traîtresse en amour, Les jalons se sont effacés Comme alignés sur le passé, La route laisse parfois tomber le jour, Et toi qUi rêves de silence, D'espaces fous, de liberté, A tant se laisser emporter, On finit par croire à sa chance, à sa chance.
(Serge Murin/Michel Thiallier)
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